lundi 16 novembre 2009

Comme une odeur de misandrie

(Réaction du psychologue Yvon Dallaire à l’article de Nathalie Petrowski publié dans la Presse du 14 novembre 2009 : Comme une odeur de misogynie. L’article fait suite à la projection du documentaire du belge Patrick Jean, La domination masculine, qui a refusé de venir présenter lui-même son film au Québec, province pourtant experte en accommodements, de peur de représailles de la part des « masculinistes[1] » qu’il avait interviewé sous de fausses représentations.)


Je me permets, Mme Petrowski, de paraphraser votre texte en inversant les sexes, espérant que vous comprendrez mieux le sens de vos propos, propos écrit très certainement en toute bonne foi, ce qui ne les excuse quand même pas.


« J’ai de la difficulté à imaginer l’homme idéal. En tant que je suis concernée, l’homme est le résultat d’un gène endommagé. Les hommes prétendent être normaux, mais tout ce qu’ils font, assis là, avec des sourires insignifiants dans leur face, c’est de produire du sperme. C’est ce qu’ils font tout le temps. Et ils n’arrêtent jamais. » Germaine Greer

« Tous les hommes sont des violeurs, et rien d’autre. » Marylin French

« Plus j’ai de renommée et de pouvoir, plus j’ai la possibilité d’humilier les hommes. »

Sharon Stone


Ces trois morceaux d'anthologie misandre m’ont sérieusement interpellé lorsque j’ai écrit mon livre Homme et fier de l’être (Option Santé, 2001). En principe, j’aurais dû être extrêmement choqué de lire tant de haine dans la quarantaine de citations de féministes radicales que je rapporte dans le chapitre « Les femmes qui haïssent les hommes » dont sont tirés ces deux citations. Mais j’ai tellement entendu de critiques dans les discours de certaines Québécoises envers les hommes qu’il doit m’arriver de ne plus les entendre ou de laisser dire, comme de nombreux hommes qui croient acheter la paix par le silence.


J'ai certainement tort. Car les féministes radicales ont pris, au Québec, tellement de pouvoir qu’elles peuvent maintenant déblatérer contre les hommes sans coup férir et applaudir à un documentaire pamphlétaire tel que La domination masculine. Elles continuent de sévir dans un pays où l’égalité homme – femme est l’une des plus avancée au monde et distillent des propos toujours aussi nauséabonds sur « ces québécois sans couilles » qui leur empoisonnent la vie et qu'elles tiennent responsables de tous les maux de la terre, y compris de leurs problèmes relationnels. Le monde irait tellement mieux s’il était dirigé par les femmes et non par des êtres violents qui ne comprennent jamais rien à rien, n’est-ce pas ?


Reste que la tentation de ne voir en ces féministes radicales qu'une bande de femmes frustrées et mal baisées est grande. Sans compter qu'elles ne sont pas nombreuses et que ce sont des marginales dont l'influence sur le consensus social apparaît nul. Tant qu'elles broient du noir dans l'usine de leur ressentiment privé, elles ne sont pas dangereuses et ne le seront pas tant et aussi longtemps que la majorité des femmes saines se défendront d’être féministes.


À une autre époque, peut-être. Mais on observe en ce moment un peu partout dans le monde les manifestations d'une hostilité dirigée publiquement contre les hommes, une hostilité qui donne froid dans le dos et va tout à fait dans le sens des féministes québécoises montrées un peu partout comme l’exemple à suivre, comme le fer de lance du féminisme de bon aloi. Le fait que le Ministère de la Santé et des Services Sociaux investit onze fois plus de fonds dans la santé des femmes que des hommes[2] en est l'exemple le plus visible, mais certainement pas le seul. Le fait que toutes les campagnes gouvernementales contre la violence domestique montrent toujours l’homme comme le bourreau en est un autre exemple.


Qu’une dizaine d’hommes et de femmes universitaires, tous des gens intelligents, écrivent un livre dans lequel ils traitent d’antiféministe toute personne qui ne dit pas comme eux et qui ose se prononcer en faveur de l’amélioration de la condition masculine, y compris la présidente de l’Ordre professionnel des psychologues et Guy Corneau, plutôt que de s'opposer avec vigueur à toute discrimination, a de quoi inquiéter[3]. Hors du féminisme, point de salut.


Et ce qui inquiète encore davantage, c'est que le mouvement de ressentiment contre les hommes n'est pas qu’universitaire ou limité à un petit groupe. Lentement mais sûrement, il contamine aussi la culture populaire, les médias, les annonces publicitaires (dans lesquelles le con est toujours masculin), les documentaires (dont celui qui suscite vos inquiétudes) et, évidemment, Internet : Sisyphe, Je suis féministe, NetFemmes, Relais-Femme, Campus Féministe, Cybersolidaires, sites dont la Gazette des femmes, dans son numéro de nov-déc. 2009, vient de faire la promotion. Sans oublier que tous ces organismes sont, pour la plupart, subventionnés par nos impôts, y compris la Gazette. La contamination est tellement pandémique que peu d’hommes et de femmes n’osent s’élever contre ce discours misandre radical.


C’est drôle, le féminisme présenté comme « politically correct » oublie certains sites qui se présentent comme féministes, qui accueillent tous les jours des milliers de visiteuses et qui propagent sans honte la haine de l’homme : Chiennes de garde, La meute, Antipatriarcat, SOS Sexisme, Réformes féministes … sites plus sexistes que le sexisme qu’elles disent pourfendre.


Je croyais pourtant, Mme Petrowski, que nous sortions enfin de cette guerre des sexes et que nous étions, au Québec, une société d’hommes et de femmes de bonne foi capables de travailler ensemble et de faire la distinction entre un féminisme sain et un féminisme radical qui entretient la suspicion intersexe au même titre que, dans les couples malheureux, chacun accuse l’autre d’être responsable du divorce. Je croyais que nous vivions dans une société où chacun(e) prenait la responsabilité de son bonheur et cessait de rendre l’autre responsable de son malheur.


Espérons que les misandres ET les misogynes qui continuent d’entretenir la suspicion entre les sexes râlent leurs derniers râlements et que les médias cesseront bientôt de leur donner le devant de la scène. Cessons de nous opposer et devenons complémentaires, nous enrichissant ainsi l’un l’autre.


« Il n’y a que pour les hommes qui n’aiment pas les femmes et les femmes qui n’aiment pas les hommes que le monde est un système de mâle dominant. » Pierre Cormary


P.S. Je n’ai pas eu l’occasion de voir le documentaire en question, mais je sais que Patrick Jean ne manque aucune occasion de me présenter comme le théoricien du « masculinisme extrémiste ». Mais je peux vous confirmer une chose : que ce Monsieur se soit présenté sous de réelles ou de fausses représentations, j’aurais tenu exactement les mêmes propos, comme mon code d’éthique en tant que psychologue l’exige. Évidemment, vous savez mieux que moi, j’en suis assuré, que l’on peut faire dire n’importe quoi à des propos sortis de leur contexte. J’en ai souvent eu l’expérience, au Québec comme en Europe.

Yvon Dallaire, Psychologue et auteur

675, Marguerite-Bourgeoys, Québec (Québec), Canada, G1S 3V8

Tél. : (418) 687-0245 Télec. : (418) 687-4312

Courriel : yvondallaire@optionsante.com Internet : www.yvondallaire.com


[1] Terme inventé par Michèle Le Doeuff, philosophe féministe française.

[3] Dupuis-Déry, F., Blais, M. et al, Le mouvement masculiniste. L’anti-féminisme démasqué, Montréal, Remue-Ménage, 2008

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