mardi 23 octobre 2007

Lettres ouvertes de l'Après-Rupture,

Lettre ouverte
L'après-rupture
Ateliers pour les liens père-enfants, Inc.


Suite à notre lettre ouverte du 14 octobre dernier, voici le courriel que nous avons reçu...

De: organisatrice.cfee@hotmail.com
Date:2007-10-17 08:53
À: info@lapresrupture.qc.ca


Bonjour M. Gagnon,

J'ai été bien surprise de lire votre article et vos données concernant la violence conjugale faite aux hommes. Bien que surprenante vos données sont inexactes. Votre connaissance en cette matière est sûrement limité puisque votre étude n'est pas représentative. Elle ne tient pas compte de plusieurs facteurs dont ceux de la domination et du contrôle exercés par le conjoint violent et aussi de la dangerosité des gestes portés.

Oui, il existe de la violence conjugale féminine mais cette violence est loin d'être symétrique. Les femmes sont plus souvent victimes que les hommes d'actes de violence, ces actes sont plus dangereux que ceux subis par les hommes et leurs conséquences physiques et psychologiques sont plus importantes. La violence à l'encontre des conjointes s'exerce principalement dans un contexte de domination, alors que la violence subie par les hommes se situe le plus souvent dans le cadre de conflits de nature plus ponctuelle.

Il serait important de vous informer adéquatement avant d'écrire des articles, de connaître votre sujet en profondeur. Je vous conseille une formation en violence conjugale et une autre, violence conjugale ou chicane de couple. Peut-être que la prochaine fois vous aurez plus de crédibilité dans votre journal.

Merci et bonne journée...

Nathalie Simard
Centre de femmes l'Étincelle (cfee)

Mme Simard,


Votre lettre reprend à son compte l’essentiel des affirmations du féminisme victimaire dont Mme Élisabeth Badinter a souligné, avec la rigueur intellectuelle qu’on lui connaît, les dangers et les effets pervers dans son essai Fausse route.

Si vous désirez prendre le risque d’exposer vos croyances à une réflexion solidement articulée sur les questions que vous soulevez, l’analyse de Mme Badinter constitue un choix de lecture judicieux. Mme Badinter montre que le féminisme victimaire n’est pas le seul féminisme possible. Il n’est pas inutile de rappeler que Mme Badinter se présente comme l’héritière spirituelle de Simone de Beauvoir. Il ne fait aucun doute dans notre esprit que les analyses et les arguments présentés par Mme Badinter pourraient apporter une contribution utile à votre réflexion sur la question de la violence conjugale.

Aux États-Unis, le féminisme victimaire a été dénoncé par Christina Hoff Sommers dans l’essai Who Stole Feminism ? : How Women Have Betrayed Women. La lecture de ce livre pourrait aussi contribuer à apporter un éclairage nouveau à plusieurs des arguments que vous avancez avec la foi du charbonnier.

Il faut regretter qu’aucune de vos affirmations à propos de la violence conjugale subie par les hommes ne repose sur une quelconque référence à des études empiriques crédibles ou à des revues exhaustives de la littérature scientifique. Affirmer n’est pas démontrer. L’approche que vous avez adoptée rend impossible toute discussion constructive, puisque qu’elle ne soumet aucun argument et n’apporte aucune information de nature à soutenir le point de vue qu’elle propose. C’est l’attitude moyenâgeuse du « Hors de l’Église, point de salut ». Si l’on veut convaincre, il ne suffit pas d’affirmer péremptoirement comme le faisaient naguère les chanoines et les curés et comme le font encore certains imans et certains mollahs.

Vous pourriez mettre vous-même en pratique les conseils que vous prodiguez avec tant de générosité et vous informer par vous-même des découvertes de la véritable recherche scientifique sur la violence conjugale. Le chercheur californien Martin Fiebert présente une bibliographie annotée comptant plus de 200 études empiriques ou revues de littérature montrant que les femmes font preuve d’agression physique envers leur conjoint ou partenaire en proportion comparable et souvent même supérieure aux hommes. C’est un fait scientifique établi qu’il n’est plus possible de nier ou de minimiser.

Les études mentionnées dans la bibliographie de M. Fiebert ont été menées par des centaines de chercheurs hautement spécialisés dans tous les domaines des sciences humaines et sociales. Pouvez-vous croire un seul instant que tous ces spécialistes sont incompétents ou malhonnêtes ou qu’ils ont fomenté une vaste conspiration contre les croyances des féministes victimaires? Ou bien êtes-vous réellement disposée à faire preuve d’ouverture d’esprit et à convenir que la réalité de la violence conjugale envers les hommes que ces recherches ont mis en évidence constitue, au même titre que celle de la violence conjugale envers les femmes, un problème social significatif dont il faut prendre acte?

Mme Simard, si vous avez des arguments vérifiables à soumettre à l’appui de vos affirmations, soyez assurée qu’ils seront pris en considération et discutée à leur mérite scientifique, si en retour, vous vous déclarez disposée à faire preuve de la même ouverture d’esprit envers ceux et celles qui mettent en doute les thèses véhiculées par le féminisme victimaire.

Comme gage public de l’ouverture d’esprit dont vous êtes disposée à faire preuve, la rupture avec l’omerta imposée par les tenantes de féminisme victimaire à propos de la violence conjugale subie par les hommes constituerait une démonstration éclatante de votre bonne foi. Vous n’ignorez sans pas que la grande majorité des associations féministes du Québec ont proclamé, il y a quelques années, la notion de tolérance zéro à l’égard de la violence conjugale subie par les femmes. Nous sommes tout à fait disposés à souscrire avec enthousiasme à un tel principe, à la seule condition que la notion de tolérance zéro s’applique également à la violence conjugale exercée par les femmes envers les hommes, qu’il s’agisse de violence physique, psychologique, juridique, idéologique ou financière. En somme, le principe d’égalité entre les hommes et les femmes veut que ce qui soit inacceptable pour les femmes le soit également pour les hommes. N’êtes-vous pas d’accord avec cette prémisse?

Si vous souscrivez à ce principe, êtes-vous disposée à déclarer publiquement que la tolérance zéro doit s’appliquer tout aussi bien à la violence conjugale exercée par les femmes qu’à celle exercée par les hommes? Il ne fait aucun doute qu’un telle déclaration constituerait une grande première et ouvrirait une brèche importante dans la loi du silence pratiquée envers la violence subie par les hommes. Ne serait-il pas temps que le principe d’égalité entre les hommes et les femmes se traduise par des déclarations et surtout des actions concrètes en faveur des hommes aussi bien que des femmes?

Êtes-vous également disposée à affirmer que toute violence conjugale envers les femmes par leur conjoint ou ex-conjoint est inacceptable et ne doit pas être banalisée, comme toute violence conjugale envers les hommes par leur conjointe ou ex-conjointe est inacceptable et ne doit pas être banalisée. Une telle déclaration serait faire preuve de compassion et d’humanité autant envers les hommes qu’envers les femmes et à souscrire à ce qui nous paraît aller de soi.

En terminant, la question de la violence conjugale est beaucoup moins simple que vous ne sembler le croire. La recherche scientifique est en bonne voie d’invalider tous les stéréotypes propagés par les tenantes du féminisme victimaire. Si vous entretenez le moindre doute à ce propos, il nous fera plaisir de vous en fournir la preuve édifiée par la recherche scientifique.

Cordialement,

Jean-Pierre Gagnon
pour l'équipe
de recherche
de L'APRÈS-RUPTURE


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