La tragédie de Steve McNair et plus près de nous celle du boxer Arturo Gatti nous rappelle que les hommes sont souvent les victimes de leurs conjointes et petites amies.
Les autorités policières sont arrivées récemment à la conclusion que l’étoile du football américain Steve McNair des Ravens de Baltimore avait succombé à ses blessures après avoir été tiré à bout portant par son amie de cœur Sahel Kazemi dans un acte de meurtre suivi d’un suicide. Pourtant, alors qu’il existe au-delà de 10 000 liens lorsque l’on effectue une recherche pour «Steve McNair» dans les nouvelles Google, rare sont ceux qui mentionnent l’expression de «violence conjugale.»
Dans la plupart des cas, la violence des femmes envers leur conjoint est passée sous silence sans jamais que le terme de violence domestique ne soit invoqué. Les autorités légales, le système judiciaire, les médias et l’industrie de la violence domestique sont encore aujourd’hui enfermés dans le mythe désuet de «l’homme bourreau/femme victime» lorsqu’il est question de violence domestique. Pourtant, au-delà de 200 études académiques démontrent que les femmes sont à l’origine de scènes de ménage dans une proportion équivalente à leurs partenaires masculins. Dans les couples hétérosexuels, environ le tiers des incidents de violence conjugale causant des lésions pouvant aller jusqu’à l’homicide sont attribuables aux hommes. Les études à ce sujet démontrent que les femmes compensent leur infériorité physique en utilisant des armes et en attaquant par surprise, comme l’a fait Mme Kazemi.
La plus récente étude à grande échelle sur le phénomène de la violence domestique fut menée par une équipe de chercheurs rattachés à Harvard et publiée dans la Revue Américaine de santé publique. Après avoir interrogé plus de 11 000 hommes et femmes à ce sujet, cette étude démontre que 50 % de la violence au sein du couple était réciproque, c’est-à-dire impliquant les deux parties. Dans ces cas, les femmes étaient le plus souvent celles qui initiaient cette violence. De plus, lorsque que la violence était initiée par un seul partenaire, les hommes et les femmes en étaient responsables dans 70% des cas interrogés.
Une nouvelle étude portant sur la violence domestique rassemblée par la chercheuse Deborah Capaldie, une scientifique sociologue rattachée à l’institut de recherche sociale de l’Oregon, démontre que le scénario le plus dangereux, à la fois pour les hommes et les femmes, c’est lorsque qu’ils sont confrontés à de la violence domestique réciproque, particulièrement lorsque la femme en est l’instigatrice.
Il existe des solutions pour protéger les membres du couple confrontés à de la violence domestique. Premièrement, tout comme nous avons stigmatisé les hommes qui frappent leur conjointe, nous devons désormais décourager les femmes à frapper leur conjoint. Mme Capaldi croit que la façon la plus sûre d’être en sécurité pour les femmes, c’est de ne pas initier la violence contre leur partenaire masculin. Elle précise : « La question de la personne qui initie la violence est cruciale… La plupart des actes de violence conjugale sont mutuels et l’instigateur, même dans les incidents mineurs, peut conduire à l’escalade.»
Deuxièmement, lorsqu’il est sécuritaire d’agir ainsi, le système érigé pour contrer la violence domestique doit traiter les couples violents comme des couples violents plutôt que d’appliquer les vieux stéréotypes de l’homme bourreau et de la femme victime. Les services de thérapie pour couple violent sont rares. Une autorité en la matière, Lonnie R. Hazelwood, précise que l’industrie de la violence domestique « a été très efficace pour adopter des lois qui interdisent la thérapie de couple et éliminent les programmes qui font appel à des stratégies incluant les deux partenaires. »
Troisièmement, des services sont requis pour aider les hommes victimes de violence conjugale. Denise Hines de l’université Clark a démontré que lorsqu’un homme abusé appelle la police, c’est lui plutôt que sa partenaire abusive qui est le plus susceptible de se faire embarquer. Cette situation résulte de l’adoption de politique répressive comme la fameuse «Politique d’intervention en matière de violence conjugale» du gouvernement du Québec prônant la tolérance zéro en la matière. Or tolérance zéro rime trop souvent avec intelligence zéro. En raison de la mise en œuvre de ces politiques, les agents de police se moquent de qui a initié la confrontation. Ils vont plutôt s’attarder à d’autres facteurs comme la taille et la force, ce qui fait que l’homme est beaucoup plus susceptible de se faire arrêter. Lorsque les hommes participant à l’étude de Mme Hinse ont tenté de communiquer avec les services d’écoute mise en place pour contrer la violence domestique, 64 % d’entre eux se sont fait répondre que ce service ne s’adressait qu’aux femmes, et plus de la moitié se sont vu référer à des programmes pour traiter les hommes violents.
Quatrièmement, il faudrait également s’assurer que les hommes victimes de violence conjugale ne perdront pas accès à leurs enfants lors des procédures judiciaires pour déterminer qui aura la garde des enfants. Mme Hinse a démontré que la principale raison pour laquelle un homme demeure dans une situation où il subit des sévices, c’est par considération pour les enfants. S’ils quittent, leurs enfants demeurent sans défense entre les mains d’une mère violente. S’ils quittent avec les enfants, aussitôt qu’ils sont retrouvés, les enfants sont retournés à la mère.
Probablement qu’aucune de ces stratégies n’aurait permis de sauver la vie de Steve McNair ou d’Arturo Gatti. Mais la violence domestique au féminin est loin d’être un phénomène marginal. Il ne s’agit pas non plus d’une trivialité. En faire abstraction contribue à nuire à la fois aux couples et à leurs enfants.
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